mardi 12 avril 2016

Fermenter pour survivre à l'apocalypse

Je ne suis pas un survivaliste, ni même un pessimiste, mais survivre à la suite d'un cataclysme ou d'un évènement qui viendrait à détruire la civilisation telle qu'on la connait aujourd'hui m'a toujours fasciné. Et je suis convaincu que la fermentation serait ma porte de salut.

L'apocalypse est là (mise en contexte)


Pour une raison quelconque, la civilisation s'est éteinte. Il n'y a plus d'électricité (sauf pour ceux qui ont appris à la générer), plus d'aqueduc (sauf pour ceux qui se sont intéressés à la mécanique des fluides), plus d'industrie, plus de machine, plus d'ordinateur, plus de médicaments, bref, plus de confort moderne (sa version occidentale du moins).

Ah oui, j'oubliais, Trump a été élu.

Les hommes sont laissés à eux-mêmes et doivent survivre dans un milieu hostile, abandonnés par ces garde-fous qu'ils croyaient inébranlables.

Et ils ont soif.

La fermentation est notre salut, parce que nous devons avoir le courage de survivre


La potion magique qui donne du courage et de la force surhumaine, c'est l'alcool. L'alcool permet de mettre de côté notre douleur, notre désespoir, particulièrement lorsqu'on le partage. L'alcool est un lubrifiant social, permet d'apaiser les tensions, facilite la réunion et la conversation. Ce n'est qu'en travaillant ensemble que nous pourrons nous en sortir.

Depuis des milliers d'années, les hommes se sont retrouvés autour d'un verre pour envisager l'avenir, refaire le monde. Suite à l'apocalypse, ce ne sont plus des paroles en l'air, mais une nécessité. Quel meilleur prétexte qu'un liquide alcoolisé pour prendre le temps de s'asseoir et trouver un terrain d'entente pour la suite des choses.

Au pire? On boit trop et on se tapoche. On s'excusera demain devant un autre verre.

La fermentation est notre salut, pour une question de salubrité


Oubliez le savon (autre chose que vous devriez apprendre à faire par vous-même), les égouts, les gelées aseptisantes et autres pare-microbes : tout ça n'existe plus. L'eau n'est pas propre à la consommation, les usines d'épuration ne fonctionnent plus depuis longtemps et les hommes sont prêts à l'entre-tuer pour une bouteille d'eau intacte.

Un liquide fermenté, s'il est passé par une ébullition, a peu de chance d'être impropre à la consommation pour peu que l'on fasse un peu attention. Pour une consommation rapide, un liquide fermenté risque d'être la source d'eau potable la plus sécuritaire qui soit. De là à faire de grands millésimes qui vieilliront délicatement... chaque priorité en son temps.

Et si on pousse un peu le processus, si on touche à la distillation, c'est même un environnement adéquat à des outils et des conditions minimales de médecines.

La fermentation est notre salut, pour notre alimentation


Outre les bienfaits de l'alcool au niveau énergétique, la fermentation nous permet de faire du pain, de fermenter des viandes pour la conservation (penser à un salami post-apocalyptique!), de fermenter des légumes qui pourront se conserver des mois (une bonne choucroute de choux mutants!) et d'obtenir du vinaigre. Qui dit vinaigre, dit pickles et qui dit pickles dit que la quête à la recherche de la recette du smoak meat de chez Schwartz peut commencer.

Il est probable que nos sources d'alimentation seront plus éparses, que nous devrons chasser et récolter selon le rythme des saisons et non selon les arrivages de pays étrangers. La fermentation (et le sel, et faire sécher les aliments) permettra de faire des réserves lors des moments fastes, pour passer au travers des moments où nous serons tentés de nous arracher mutuellement les yeux pour un bout de pain sec.

La fermentation comme salut économique


Sérieusement, tout comme l'économie liée à l'alcool contrôle de grands pans de notre économie mondiale, les maîtres de l'alcool post-apocalypse auront la main haute sur le marché. Ce ne sera peut-être que du troc, mais ce sera toujours une monnaie d'échange en demande.

Tout comme la nourriture fermentée vaudra son pesant d'or à l'hiver (mais qui aura besoin d'or?) et le combustible sera un des premiers marchés lucratifs de cette nouvelle ère (rien de neuf de ce côté).

D'ailleurs...

La fermentation pour une source de combustible


Du moment où nous aurons touché à la distillation, nous aurons aussi une source de combustible plutôt efficace. Briquet, bec Bunsen (ou semblant de), réchaud, éclairage ou autres applications seront alors à notre portée.


Équipement minimal nécessaire à la survie fermentée


En fait de matériel, la liste est assez courte :


  • une source de chaleur
  • un contenant pour l'ébullition
  • un contenant pour la fermentation


L'équipement ne devrait pas être un problème sérieux, ce qui sera plus difficile, ce sera les ingrédients, tout particulièrement la base de la fermentation alcoolique : le sucre.

Quelques années passeront sans doute avant qu'une source viable de quantité malt soit de nouveau disponible. Il faudra donc  se tourner vers l'une de ces deux sources abondantes (on espère que ce sera toujours le cas suite à l'apocalypse) de sucre : les fruits et la sève (je ne mets pas la fermentation du bois, parce que ça, c'est une autre paire de manches).

L'eau ne devrait pas être un problème, aussi contaminée soit-elle en surface : une source sous-terraine est toujours une solution envisageable et celles-ci devraient survivre - dans une certaine mesure - à une contamination massive. Bon, il faudra travailler fort pour y arriver, mais personne n'a dit que ça allait être facile.

La levure, sauf phénomène naturel étrange (et terriblement apocalyptique), ne sera pas non plus un problème. Une souche avec un goût intéressant sera peut-être difficile à trouver, mais la fermentation avec les levures naturellement présentes partout autour de nous devrait nous permettre de survivre un certain temps (mais ne prenez pas de chance, apprenez dès aujourd'hui comment isoler une souche de levure).

Recette post-apocalypse


Voilà le moment tant attendu ou je partage ma recette de la survie post-apocalyptique. Si jamais je suis toujours vivant et vous suivez cette marche à suivre, je réclame un banc dédicacé à votre bar. Je payerai tout de même mes consommations.

Pour une recette d'une quantité et d'une qualité et d'un taux d'alcool approximatifs.

Prendre quelques kilos de fruits (ou de sève, ou de chair de cactus) et les faire bouillir dans une quantité suffisante d'eau (genre beaucoup plus). Filtrer (un amas de branchage de sapin par-dessus un pot fera l'affaire) et ne conserver que le mout dans un contenant pour la fermentation.

Laisser la nature faire son court. Le liquide devrait bouillonner après quelques heures ou jours. Attendre que l'activité arrête et goûter. Répétez.

Ajustez la recette.

Distillation post-apocalyptique


Actuellement, la distillation de votre alcool à la maison est illégale (sauf si vous lisez cet article à partir de la Nouvelle-Zélande). J'ose espérer que ces règles seront caduques si l'humanité est majoritairement exterminée.

Pour distiller dans ce monde rendu imparfait, vous aurez besoin de :

  • avoir fermenté de l'alcool selon la recette précédente
  • une source de chaleur lente
  • un contenant ebullition fermé avec une cheminée en métal, pliée au bout pour former un angle de 45° et ensuite formé en forme de ressort (héliocoïdale me semblait un peu poussé comme terme)


Le principe? Vous chauffer tranquillement votre alcool à faible pourcentage. L'alcool s'évapore à une température plus basse que l'eau et monte dans la cheminée de métal. En passant le coude, la vapeur redescend et se refroidi dans les méandres en forme de ressort, se condense et redevient liquide.

Vous collectez (jeter les premières gouttes : poison) et survivez, avez classe (ainsi que tous vos amis de beuverie, qui maintenant voudront toujours être chez vous et goûter à vos meilleurs trucs, mais ça c'est pas différent de ce que vous vivez actuellement alors que vous brassez votre bière à la maison).

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